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L'Homme en Noir

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instants de chroniques pour du temps à perdre !


Pan ! T'es mort !!

Publié par Nicolas Koredly sur 2 Novembre 2015, 14:56pm

Pan ! T'es mort !!

Me revoilà sur mes terres après la critique de Crimson Peak pour une pause entre deux Star Wars (putain j'aime cette phrase). Et pourquoi parler de Pan sur cette série de blog plutôt que sur mythologica (oui car si tu l'ignores j'ai rejoins l'équipe de mythologica), et bien parce que Pan n'est pas un bon film. Mais si c'était juste une bouse infâme je n'aurai aucun problème à remplir les cases de l'autre site de ma verve assassine.

Sauf que voilà, Pan n'est pas non plus un mauvais film. Je dirai même qu'il possède une des écritures les plus intéressante qu'il m'ait été donné de voir. Sauf que ce film a fait sortir des trucs absolument cons de tout côtés, et qu'il va me falloir un article relativement libre pour pouvoir en parler (à comprendre, sans contrainte éditorial autre que "putain j'aime cette phrase"). Donc je vous préviens, on va faire de l'emphase, on va taper sur du collègue, et on va réécrire ensemble Pan, parce que non quand même c'est pas un bon film.

On attaque !

1/ 1 siècle et demi dans ta gueule

Pan raconte l'histoire de Peter avant que celui-ci devienne Peter Pan, mais pas que... S'inscrivant dans la droite ligne des préquelles qui racontent l'histoire avant l'histoire qu'on connait, le but ici est de nous amener, normalement, à comprendre comment Peter Pan, et pourquoi capitaine Crochet, et pourquoi pas Capitaine Pan et Peter Crochet.

Peter est lâché par ce qui doit être sa mère devant un orphelinat sinistre de l'Angleterre d'avant guerre. Et les lieux sont baignés dans une atmosphère bien plus lointaine, vu qu'avec sa joyeuse bande d'orphelins on est dans un conte de dickens pur.

Là, Peter se montre rebelle, irrévérencieux, et il faut le dire, punk. Oui, Peter Pan dans un conte de Dickens dans une angleterre des années 40 fait un gros fuck bien à l'anglaise (index et majeur oh toi public français) à la nonne, caricature atroce de dégoût et suintant la vie arriéré de la croyance adulte.

Mais l'ami Peter a un plan, tandis que des orphelins disparaissent en nombre chaque soir. Si des enfants se font enlevés pour se faire emmener dans ce lointain Canada, lui et son BFF vont se planquer et démasquer le complot. Sauf que des pirates surgissent du plafond, capture les gamins et les emmène tout droit vers le ciel (dans une scène rocambolesque) jusqu'au pays terrible de Neverland. (qui est pas le Canada, convenons-en)

Et ce pays imaginaire est en proie à un tyran méchant tout plein qui fait chanter du Nirvana à des travailleurs miniers (oui oui, smells like teen spirit) et qui répond au doux nom de Barbe-Noire le pirate. Et ce vilain pirate, avec sa horde de capitaine pirates, tente d'extraire de l'île de la poussière de fée car sinon la vieillesse le saisira et la mort viendra le chercher.

Après différentes péripéties (sur lesquelles on va pas s'étendre) Peter Pan apprend qu'en fait, c'pas un orphelin mais qu'en fait si, mais qu'en fait non, mais qu'en fait si... Et qu'il est l'objet d'une prophétie disant qu'un garçon qui vole enfant bâtard d'une fée et d'une blonde tuera le vilain barbu.

2/ Ni mad, ni max, mais presque.

Autant le dire, pour moi en terme narratif et de plaisir le film se divise en deux. La première partie du moment où on voit Peter à ses douze ans jusqu'à ce qu'il tombe chez les Indiens (voir dans la forêt en fait) est une pure merveille.

Oui, j'ai adoré les reprises des chansons de nirvana et des ramones par une foule de gamins mineurs. Oui j'ai adoré ce Hugh Jackman absolument survolté et avec une intensité que je ne lui connaissais plus. Ce type cabotine plus que jamais, tout en reprenant des expressions d'une puissance que je n'avais pas vu depuis Prisonners... Et dans le même film. Surtout, oui, j'ai adoré Peter Pan petit con qui bouscule l'autorité en en ayant rien à carrer.

Sincèrement, je me disais dans ma tête "je suis en train de voir Mad Max pour enfant". Oui oui, à ce point, et pourtant j'avais pas envie d'y aller. Le film me faisait pas envie et finalement les idées complétement folles qui le composent me faisait frémir. De cet hommage fou à Dickens en passant par l'aspect merveilleux et dantesque de cette mine.

Même barbe-noire qui me paraissait ridicule faisait sens, dans sa fuite en avant contre la mort, inéluctable, et prêt à sacrifier le monde entier pour ça. Dés lors on aurait touché le fond du problème existentiel : Barbe-Noire et Peter Pan à la quête de l'immortalité, sauf que Peter étant enfant n'a cure de la Mort, trop abstrait pour lui.

Crochet serait dés lors le lien entre les deux, d'un côté trop vieux pour ne pas finir par devenir comme Barbe-Noire, et de l'autre trop jeune pour être prêt à tout sacrifier pour cette quête. Et puis finalement la trahison serait venu de lui, de ce Crochet finalement plus vil que Barbe-Noire, qui l'aurait peut-être même poignardé dans le dos à l'aide de son instrument sus-nommé. Il serait devenu son digne héritier, symbole de la puissance éternelle de la mort et de ce qu'elle peut nous faire commettre.

Tu as remarqué comme j'avais viré au conditionnel ?

Pan ne creuse pas cette idée. Pan s'engouffre dans son optique de "je veux faire un héros" et oublie toutes les bonnes idées de son début. Ainsi Peter qui était une vraie suite logique à toutes les œuvres qui en font un gamin sadique et vengeur (un enfant normal quoi, et je conseille le Peter Pan de Loisel pour démonstration de ça) et qui se révolte contre la société, on tombe dans le travers majeur de ce film... Il est largement trop gentil, avec son public et ses personnages.

3/ La société tu refuseras, tes parents tu écouteras.

La plupart des gens sont d'accord, y a un moment merveilleux dans ta vie ou, à moins de t'appeler Jean-Baptiste et que papa soit président de sa société, tu te révoltes contre l'ordre établi. Généralement, le premier ordre sur lequel tu tapes est juste au-dessus et le plus immédiat possible, en l’occurrence papa et maman. Le début promettait une belle tacle, car maman Peter malgré ses talents de ninja pour sauter au-dessus d'une grille pouvait être n'importe qui et on se serait foutu comme d'une guigne de ce qui lui arrivait.

Mais voilà, Maman Peter est au centre du film. Et on aurait pu se dire "tient, et si Peter était le fils de Barbe-Noire histoire de se raccorder au mythe du héros et même d'avoir quand même un affrontement avec une figure parentale." Non... Barbe-Noire n'est qu'une figure du pouvoir, et on exclut toute possibilité en prenant soin de préciser que "quand même, le père de Peter c'était un beau prince fé".

A la limite si ça avait été UNE fée avec la mère, ça aurait pu être drôle, mais là ça n'amène qu'un discours pantois ou tu dois aller exactement dans le sens de ton destin, soit celui de tes parents, ce qui n'est PAS le message de Peter Pan. (et pour ceux qui crache aléatoirement sur Disney, lui l'avait bien comprit.) Ici le film produit par la Warner ne cherche jamais à dépasser son propos, se contente de placer la seule figure parentale avéré comme un ange de vertu qu'il faut imiter.

SI encore le film ne proposait pas de choix, ça irait. MAIS IL LE FAiT ! A un moment le personnage de Crochet regarde Peter et lui dit "tu n'as pas besoin d'être le gamin de la prophétie, ou ce qu'ils veulent que tu sois. Tu as juste besoin d'être toi" Et là je me suis dit qu'on tenait quelque chose. Et si toute cette prophétie n'était que bullshit ? Et si elle avait été mal comprise ?

Exemple (et en VF/VO s'il vous plait, pour finir de vous convaincre) : la prophétie parle d'un garçon qui volerait qui viendrait un jour tuer Barbe-Noire. En français, il suffirait de dire que le garçon serait un voleur (par exemple). Et en anglais ? A Fly-boy par exemple, soit un garçon mouche, un garçon volant.... Et là on a plus UNE possibilité, mais 3.

D'abord ça peut être Peter Pan, choix du film et on y reviendra après. Mais ça peut aussi être mouche, le type craintif et lâche qui décide d'administrer le coup final. MAIS SURTOUT ça peut être Crochet ! Vu que dans le film, le monsieur vole, avec un bateau certes, mais il vole quand même !

Et si Crochet utilisait justement cet outil qu'on ne le voit manipuler qu'une fois au début du film pour tuer barbe-noire ? D'un coup sec, dans le dos, tuant ainsi son oppresseur pour prendre sa place en tant que digne héritier. La mort serait une mort d'adulte, un instant d'horreur pour montrer toute la sauvagerie des adultes et le destin terrible qui attend James.

A la place, on a Peter Pan qui fait un kaméhaméha... (véridique)... Pour vaincre de manière toute propre les méchants, sans mort visible ni rien de tragique. Et me dites pas que c'est un film pour enfant bordel ! Rufio dans Hook il lui arrive quoi ? On le voit mourir et pourtant Hook est un film pour enfant, mais un bon film.

4/ Et si tout ça n'était qu'un jeu !

Je ne peux pas réécrire ce que j'ai vu, et la volonté du réalisateur et de son équipe pouvait être de réaliser un film différent... C'est vrai, dedans Crochet n'est jamais méchant, Mouche est plus pitoyable qu'autre chose et Peter est un vrai p'tit garçon (comme dirait un pantin de bois.) Donc en fait c'est une réécriture, et ça se tient.

Et l'aspect jeu tient une place assez grande dans le film. toujours en arrière-plan, de la très bonne scène de duel avec le meilleur guerriers des Indiens (qui est un ninja shaolin japonais) sur des trampolines à simplement la scène de kidnapping où les pirates tombent du plafond accroché à des cordes élastiques, attrapant les gamins comme des peluches dans un jeu de fête foraine.

Et c'est sans compter justement sur les Indiens, qui sont tous des Asiatiques, des Africains, parfois même des Indiens d'Inde mais jamais des Amérindiens. C'est encore plus exprimé par une Lili la tigresse blonde aux yeux bleus campée par Rooney Mara (qui s'est prit une pétition sur le coin du pif, non pas parce qu'elle sait pas jouer mais à cause de la couleur de sa peau...) Personnellement, si vous jugez que par exemple (si si, je l'ai lu) lili la tigresse (dont tout le monde se tamponne dans le récit original) doit forcément être jouée par une indienne...

D'abord je te rappelle (si des fois ça te soulève le cœur et que tu cries au racisme) qu'à l'origine c'était une pièce de théâtre en angleterre, que donc on avait pas d'amérindien sous la plume, que toujours aujourd'hui ça court pas les rues, qu'il y a autant de raison de faire jouer lili la tigresse par une noire que par une blanche (étant donné que dans les deux cas c'est une fausse ethnie), que même dans la pièce originelle Peter pan était joué par une femme, ET que je t'emmerde.

Le réalisateur sort avec une Indienne. Tient, comme ça c'est cadeau. Donc bon, on peut estimer en réfléchissant deux secondes que y avait un autre but derrière ce choix, et peut-être justement celui de "jouer" un rôle dans le film, mise en abime tout ça. Ce ne sont pas des Indiens d’Amériques, ce sont des gens qui jouent les Indiens.

Maintenant, tu peux souhaiter que le réal ait choisit une meilleure actrice à part ce truc relativement plat qu'il nous sert comme lili la tigresse, ça c'est parfaitement entendable.

On en revient à cette idée de jeu. Peut-être que tout ça n'est qu'un gigantesque Jeu de Rôle, Crochet n'a pas à être méchant et j'y croyais jusqu'à la fin quand Peter retourne chercher son BFF (qu'on a oublié littéralement comme lui pendant 1h20 de film) et que celui-ci voyant Crochet à la barre demande "tient, c'est un pirate."

Encore, et encore et encore je me suis dit "vous tenez un truc bon sang ! Il va répondre oui, et il va commencer à juste jouer les méchants dans ce jeu de rôle grandeur nature infini"... Sauf que non, comme toute les bonnes idées du film c'est complétement raté.

Car la dernière phrase du film nous rappelle à ce qui attend les personnages ensuite

"Eh Crochet, on sera toujours ami hein ?"

"Ben oui, pourquoi ça ne serait pas le cas ?"

On nous ramène à la réalité, que OUI à un moment Crochet sera méchant, sans qu'on ait une seule seconde une approche dans ce sens. On ne joue plus, il y aura bien un conflit entre eux sans aucune concession à base de coupage de main.

Il n'y aurait plus aucun jeu dans l'avenir de Pan, et ça réduit encore à néant une très bonne idée du film. Bordel !

5/ Mais critiquons un peu la critique.

J'ai écris de ci de là que Pan n'est pas un bon film, mais aussi que ce n'était pas un mauvais film. On peut cracher sur la cohérence et le récit, le fait qu'il manque de ce qui fait un grand film. Il n'empêche qu'il a des bonnes idées ! Un tas de bonnes idées graphiques comme littéraires. Car oui si on exclu totalement la phrase finale et quelques broutilles de la deuxième partie, on aurait sans doute un des meilleurs films pour la jeunesse de l'année.

Car oui, j'en ai peu (pas en fait) parlé, mais il y a deux bonnes raisons d'acteurs de voir ce film en plus de Hugh Jackman (qui justifie à lui seul le visionnage).

D'abord il y a Garett Hedlund qui joue ici James Crochet et qui est fort tout en cabotinage et en folie naissante. Toujours en mouvement, celui qui jouait Patrocle dans Troie (le cousin amoureux de Achille qui joue à attrape la lance avec le torse) mais surtout qui jouait Bill Darley dans death sentence offre son renouveau. Quasiment aussi cabotin que Jackman, il est le vrai objet central du film et vole de loin la vedette à Levi Miller.

Ensuite, il y a Adeel Akhtar dans le rôle de Mouche. Un acteur relativement peu connu mais qui a joué dans l'excellentissime "we are four lions" que je conseille aussi. Et bien Adeel Akhtar reprend le rôle autrefois tenu par Carlos (je sais, c'est Bob Hoskins, mais avouez qu'on s'y tromperait) dans Hook. Si là j'ai le sentiment que la deuxième partie n'est pas tendre non plus avec Mouche, la première l'impose comme un comic relief dans la lignée de ce qui avait été fait sur Mouche auparavant, en le rendant plus touchant.

Et j'ai vu des vidéos youtube traitant de Pan. Et je voulais revenir un peu dessus, car j'ai énormément de mal avec les vidéos youtube de "critique". Et je voulais profiter de Pan pour en parler, car le monsieur y balançait qu'il trouvait que le film était une "bouillie visuelle".

Pourquoi ça m'agace ? D'abord parce qu'aujourd'hui je remarque que beaucoup de gens confondent critique et donner son avis. Et qu'en l’occurrence il n'y a que rarement un sens à donner à bouillie visuelle... Moi j'utilise ça pour du Michael Bay et pour des moments où les plans s'enchainent tellement vite que je ne comprends plus ce que je regarde (typiquement World War Z est dans le même cas.)

Non, là mister Rigolus (nom changé pour le respect de la postérité) l'a utilisé, si j'ai bien compris, pour qualifier l'abondance de couleur dans le film. Pour moi c'est une des qualités du film, et après avoir fait un tour la plupart des autres critiques sont un peu du même avis. Sauf que Rigolus on la lui fait pas, et qu'il va t'expliquer avec un son un peu brouillon (on lui parle de boulli sonore ?) de webcam que, ah mais si si, il dit des trucs qui ont du sens vu qu'il est dans l'ordinateur, et que les gouts et les couleurs, tout ça.

Je déteste ce genre de principe. D'abord sachez que 90% des gens qui se filment pour des critiques ne savent pas en quoi consiste faire un film. En règle général, ça se voit vite, ils ont un poster man of steel ou un crucifix dans leur chambre (sic)

Voilà, c'était ma petite gueulante de fin de critique, et rappelez-vous que c'est gratuit (parce que je touche pas encore d'argent avec les conneries que je raconte, alors autant dénoncer celles des autres.)

6/ Bilan

Pan est un film mitigé, entre deux eaux à ne jamais savoir dans quel bain plongé. A l'image de son pays imaginaire qui devient au fur et à mesure moins inventif, il peine à se renouveler et à écrire une vraie histoire en lettre d'or. Innovant, oui, intéressant sans aucun doute, rock'n roll seulement à moitié et c'est peut-être à cause de ce goût d'un demi-film qu'il n'applique que la moitié du nom de son héros.

Et finalement, Pan est à l'image de ce qu'on voit de nos jours dans le principe policé et mainstream. Ça ne sent pas l'esprit de la jeunesse, ni celui de l'imaginaire, ni même celui de la révolte, juste une fragrance sauvage de ceux qui étaient vraiment animé par ce feu. Ni mémorable, ni exceptionnel, finalement il gâche lui-même son potentiel, que ce soit par peur du vide ou la crainte de voir son sujet s'envoler. Alors il ne nous reste qu'une chose à faire, s'enfiler façon coke la poudre de fée, et penser à des choses joyeuses.

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